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Il n'y a pas de "bonne fessée" !
Pourquoi les fessées, les gifles et même des coups apparemment anodins comme les
tapes sur les mains d'un bébé sont-elles dangereuses ?
Elles lui enseignent la violence, par l'exemple qu'elles en donnent.
Elles détruisent la certitude sans faille d'être aimé dont le bébé a besoin.
Elles créent une angoisse : celle de l´attente de la prochaine rupture.
Elles sont porteuses d'un mensonge : elles prétendent être éducatives alors
qu'en réalité elles servent aux parents à se débarrasser de leur colère et que,
s'ils frappent, c'est parce qu'ils ont été frappés enfants.
Elles incitent à la colère et à un désir de vengeance qui restent refoulés et
qui s'exprimeront plus tard.
Elles programment l'enfant à accepter des arguments illogiques ( je te fais mal
pour ton bien) et les impriment dans son corps.
Elles détruisent la sensibilité et la compassion envers les autres et envers
soi-même et limitent ainsi les capacités de connaissance.
Quelles leçons le bébé retient-il des fessées et d'autres coups?
Que l'enfant ne mérite pas le respect.
Que l'on peut apprendre le bien au moyen d'une punition (ce qui est faux, en
réalité, les punitions n'apprennent l'enfant qu'à vouloir lui-même punir).
Qu'il ne faut pas sentir la souffrance, qu'il faut l'ignorer, ce qui est
dangereux pour le système immunitaire.
Que la violence fait partie de l'amour (leçon qui incite à la perversion).
Que la négation des émotions est salutaire (mais c'est le corps qui paie le prix
pour cette erreur, souvent beaucoup plus tard).
Qu'il ne faut pas se défendre avant l'âge adulte.
C'est le corps qui garde en mémoire toutes les traces nocives des supposées
"bonnes fessées".
Comment se libère-t-on de la colère refoulée?
Dans l'enfance et l´ adolescence :
On se moque des plus faibles.
On frappe ses copains et copines.
On humilie les filles.
On agresse les enseignants.
On vit les émotions interdites devant la télé ou les jeux vidéo en s'identifiant
aux héros violents. (Les enfants jamais battus s'intéressent moins aux films
cruels et ne produiront pas de films atroces, une fois devenus adultes).
A l'âge adulte :
On perpétue soi-même la fessée, apparemment comme un moyen éducatif efficace,
sans se rendre compte qu'en vérité on se venge de sa propre souffrance sur la
prochaine génération.
On refuse (ou on n'est pas capable) de comprendre les relations entre la
violence subie jadis et celle répétée activement aujourd'hui. On entretient
ainsi l'ignorance de la société.
On s'engage dans les activités qui exigent de la violence.
On se laisse influencer facilement par les discours des politiciens qui
désignent des boucs émissaires à la violence qu'on a emmagasinée et dont on peut
se débarrasser enfin sans être puni: races " impures ", ethnies à " nettoyer ",
minorités sociales méprises.
Parce qu'on a obéi à la violence enfant, on est prêt à obéir à n'importe quel
autorité qui rappelle l'autorité des parents, comme les Allemands ont obéi à
Hitler, les Russes à Staline, les Serbes à Milosevic.
Inversement, on peut prendre conscience du refoulement, essayer de comprendre
comment la violence se transmet de parents à l'enfant et cesser de frapper les
enfants quel que soit leur âge. On peut le faire (beaucoup y ont réussi)
aussitôt qu'on a compris que les seules vraies raisons de donner des coups
"éducatifs" se cachent dans l'histoire refoulée des parents.
© Alice Miller
Chacun est libre de diffuser ce texte, sous condition de ne rien y changer.
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